Monsieur Ferdinand

GULDEMONT AgnĂšs, CNEUT Carll

Qu’est ce que j’ai perdu ? se demande Monsieur Ferdinand, au crĂąne rasĂ© de prisonnier, seul Ă  sa table, « avec ce petit chagrin blanc posĂ© sur son Ă©paule ». Une angoisse qui n’est pas nommĂ©e le pousse Ă  explorer un Ă©tonnant univers de papiers gouachĂ©s rouge, ocre, noir et blanc. LĂ , une foule de curieux personnages clownesques, lointainement inspirĂ©s de Bosch, envahit l’espace des grandes doubles pages ; mais M. Ferdinand voit ce monde uniforme : « tout le monde ressemble Ă  tout le monde ».

Il faudra le regard du peintre qui fait de lui, homme banal, une personne unique, celui de la dame sachant distinguer chaque cygne, et l’amitiĂ© d’un vieil homme, pour que M. Ferdinand sorte enfin de lui-mĂȘme et remarque la beautĂ© d’un colĂ©optĂšre, d’une branche. Malheureusement ces objets, sans signification forte, ne marquent aucune ouverture dans la solitude du hĂ©ros. Si ce curieux album, dont l’illustration Ă©pouse les images du texte avec une grande force, intĂ©resse – au premier abord- les amateurs de surrĂ©alisme, il semble difficilement pouvoir aider un enfant, ou un adolescent dans sa quĂȘte d’identitĂ©.