Voilà un plaidoyer pour le langage, tendre et inspiré. Fervent sans candeur. Passionné sans militantisme séparateur. Bien étayé. Adossé à une expérience et à une réflexion professionnelle inventives. Celui d’un professeur de littérature. Cécile Ladjali exerce dans un lycée du “9-3” et à la Sorbonne. Elle est également romancière (Les Souffleurs, NB août-septembre 2004 ; Louis et la Jeune Fille, NB octobre 2006). Elle souffre de la mauvaise langue des jeunes dont elle a la charge et de ses conséquences à venir en termes de marginalisation. Quand la peau de chagrin des mots, l’ellipse des SMS, le grognement, la vindicte, la dominante phonétique, l’efficacité linguistique anglo-saxonne se revendiquent comme une autre culture. Quand la syntaxe, la ponctuation, l’orthographe, le phrasé, la linéarité et l’esthétique du texte, jugés “bouffons”, sont partis aux oubliettes… Elle souffre. Ni esprit chagrin, ni démagogue, ni passéiste, Cécile Ladjali montre par des exemples vécus combien la maîtrise des classiques, la mémorisation, le travail de la langue restent un passage obligé pour l’édification de soi. Dans un second temps seulement, nourri par cette culture et ses exigences, il peut devenir licite de s’en affranchir pour construire ses propres mots et être à la “hauteur” d’un langage qui vous “révèle”.
Mauvaise langue
LADJALI Cécile