Marcher jusqu’au soir

SALVAYRE Lydie

Lydie Salvayre (Tout homme est une nuit, NB janvier-fĂ©vrier 2018) passe une nuit enfermĂ©e dans le musĂ©e Picasso pendant l’exposition Picasso/Giacometti. Son engouement pour L’homme qui marche la convainc finalement de vivre cette expĂ©rience, trĂšs dĂ©rangeante pour elle : dĂ©stabilisĂ©e par son manque d’émotion, elle s’apostrophe violemment. Sa colĂšre Ă©gale son incomprĂ©hension ; le ton, le vocabulaire sont percutants, parfois grossiers. L’appel de son compagnon, inquiet pour elle, augmente son exaspĂ©ration. Elle parle de tout dans un long monologue : le rĂŽle des musĂ©es, l’importance de l’éducation avec l’éveil Ă  la culture, ses parents immigrĂ©s, son pĂšre communiste. Des rĂ©fĂ©rences Ă  Nietzsche, Rilke, Genet, Leibniz canalisent ses rĂ©flexions qui s’éparpillent. LibĂ©rĂ©e, elle Ă©tudie ensuite les Ɠuvres des deux artistes, et, lentement, comprend son malaise : L’homme qui marche, solitaire et courbĂ©, la bouleverse, la touche au plus profond de ce qui la menace. Cette ode brĂ»lante Ă  la vie et Ă  l’art, dĂ©poussiĂ©rĂ© de ce qui l’assĂšche, emporte mais peut aussi agacer. (M.-P.R. et A.Le.)