Mao et Moi. Le petit garde rouge

CHEN JIANG HONG

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Après des contes inspirés de la tradition (Le prince tigre, Le démon de la forêt ; LJA, février 2006 et mars 2007), Chen Jiang Hong livre ici un récit autobiographique sur la Révolution culturelle, au même format que ses précédents albums.

Des phrases courtes, aux mots simples de l’enfant d’alors, laissent toute la place aux images. Avant 1966, c’est un intérieur pauvre égayé d’une estampe et de vases de porcelaine, une vie difficile dans une ville du nord de la Chine mais aussi des bonheurs de petit garçon : sa grand-mère prépare les raviolis, il joue avec les poussins… 1966 : la manifestation populaire envahit la double page.  La foule brandit portraits, slogans et drapeaux dont le rouge et le jaune tranchent sur un album très sombre. Les têtes courbées disent la résignation face aux responsables véhéments aux traits durs. Comme pour Terre rouge, Fleuve jaune de Ange Zhang qui privilégiait l’écrit (LJA mars 2006), il a fallu du temps pour mettre en forme les souvenirs.

Les plus jeunes liront l’histoire d’un petit garçon au fil d’images articulées comme des idéogrammes – la vignette principale entourée de zooms sur des détails – et qui se suivent comme un manga où des larmes abondantes marquent la force du chagrin à la mort du grand-père. Les autres remarqueront l’intérieur où le portrait de Mao a remplacé le tigre, les murs lépreux, les rues sans joie, les cheminées d’usine fumant derrière les vestiges du passé, jusqu’au paysage/bilan de la double page finale. De 9 à 99 ans et au-delà.

 

 R.F.