Manuscrit zéro

OGAWA Yôko

Dans un ouvrage singulier et déconcertant, Yoko Ogawa fait converger des éléments épars, extraits de la vie d’une Japonaise, devenue une référence dans sa façon de tirer les grandes lignes d’un roman. En une sorte de journal, elle consigne ses rencontres, ses participations à des festivals, cérémonies ou fêtes sportives qu’elle hante sans y être invitée, y reconnaissant parfois d’autres pilleurs de cocktails ou femmes en mal d’enfants.

 

Yoko Ogawa emprunte un chemin dont les nombreux méandres se nomment mort, plagiat et culpabilité, comme si son personnage était continuellement pris en faute. La décomposition des êtres et des végétaux, comme ces mousses récurrentes, l’état répressif qui contrôle les individus (Cristallisation secrète, NB janvier 2010), ajoutent à la morosité ambiante et à l’impression de grisaille et de sanction sous-jacente. On ne retrouve la délicatesse et la grande poésie de l’auteur que dans la description des objets ordinaires et des gestuelles. Yoko Ogawa livre-t-elle ses propres réminiscences ? Jette-t-elle dans ce chaos une blessure qu’elle effleure comme le suggèrent ses souvenirs d’enfance ? Ces épisodes de vie interrogent sur les motivations de la romancière.