Mangez-moi.

DESARTHE Agnès

Myriam est une grande rêveuse : elle rêve éveillée comme endormie ; la frontière entre réel et virtuel est chez elle douteuse, ses souvenirs remontent, envahissent le présent, tissu de contradictions : adolescente, elle fantasmait sur les phalanstères de Fourier exempts de contraintes familiales étouffantes, pour se précipiter quelques années plus tard dans le goulet étroit du mariage puis, plus étroit encore, de la maternité. Son fils nouveau-né fut l’objet d’une folle passion qui ne dura que trois jours : le sentiment maternel lui avait été dérobé ! Six ans plus tard, exaspérée de jouer la mère irréprochable, elle s’enfuit après avoir provoqué un scandale, se bannit elle-même, connaît l’errance, la précarité. Sa décision d’ouvrir un restaurant quasiment philanthropique traduit-elle un besoin de se donner ? Elle frôle la faillite, que lui évitera l’intervention de quelques bons génies amoureux.  Myriam appartient à la famille de jeunes femmes perturbées qui peuplent les romans de l’auteure, telle l’héroïne de Le principe de Frédelle (NB mai 2003). Des remarques pertinentes, un style imagé, mais pourtant on peine à croire à cette histoire un peu trop invraisemblable d’une héroïne dont on comprend mal la psychologie.