L’ours qui fixe

BEEDIE Duncan

Ours est timide. Il n’ose pas engager la conversation avec ceux qu’il croise, et se contente de les fixer d’un air concentré. Mais ce n’est pas du goût de ceux qui ont l’impression d’être espionnés. L’accueil est hostile, agressif. L’ours, penaud, ne comprend pas cet ostracisme à son égard, lui qui n’agit que par curiosité. Sa rencontre avec une grenouille au regard insistant lui fait prendre conscience de la gêne qu’il occasionne. Et si un simple sourire pouvait remplacer la parole ?   L’illustration débute sur un focus de l’ours et de son museau où deux yeux fixes sont comme des cibles sur la double page. Le plantigrade traîne son spleen dans un paysage aux formes douces et stylisées. Le face à face avec chaque animal laisse les regards figés pour indiquer l’incommunicabilité entre les protagonistes. L’album interroge sur les limites de la curiosité et l’intrusion dans la vie des autres. Le regard dans la mare est une introspection sur l’estime de soi et le dépassement de sa timidité. (M.-C.D.)