L’ombre de nos nuits

JOSSE Gaëlle

En 1639, dans l’atelier de Georges de La Tour à Lunéville. Le peintre s’attelle à une composition ambitieuse : saint Sébastien soigné par Irène. Il prend la route du Louvre pour présenter son travail au roi Louis XIII. En 2014, au musée des Beaux-arts de Rouen, une visiteuse tombe en arrêt devant la représentation lumineuse d’Irène penchée sur le martyr blessé, plongé dans l’obscurité. Lui revient alors le souvenir douloureux d’une passion mal partagée, de son attachement délétère pour un homme qui ne voulait pas être sauvé. Gaëlle Josse (Le dernier gardien d’Ellis Island, NB janvier-février 2015) tresse trois fils narratifs répartis sur deux époques : les récits du peintre et de son apprenti dans l’évocation historique, la plainte amoureuse d’une femme moderne dans la partie contemporaine du roman. L’auteur restitue avec talent la vie quotidienne d’un Maître de la peinture de genre et des jeux d’ombres et de lumières. Faute d’identifier clairement les points d’accroche entre les deux histoires, l’entrelacs des voix prend l’allure du jeu littéraire « cadavre exquis ». Cette brève fiction plaira si l’on veut bien ne pas tenir compte de cette faiblesse de construction. (T.R. et N.C.D.)