L’incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage

MURAKAMI Haruki

Tsukuru Tazaki est architecte : il construit des gares – une vraie passion. Seul à Tokyo, comme déraciné, ses années heureuses du lycée de Nagoya lui semblent bien loin. Il rencontre alors Sara, jeune femme dynamique et séduisante, qui le pousse à comprendre pourquoi, seize ans auparavant, il a été mis au ban de son groupe d’amis intimes, pourtant unis comme les doigts d’une main. Il porte toujours le fardeau du rejet brutal dont il a été victime : il se voit incolore, vide, inexistant… Enquêter sur son passé lui permettra-t-il de retrouver l’estime de soi ? Dans l’univers de Murakami (Underground, NB avril 2013) rêves et réalités se mêlent. Même si l’intrigue est banale, le romancier réussit à se faire peintre. Couleurs, matières, mouvements naissent sous sa plume… Il excelle à transcrire la vie intime de ses personnages – autant leurs divagations spirituelles que leurs gestes prosaïques – avec une grande douceur sous laquelle court cependant une violence feutrée. Ce roman met en lumière la nécessité de régler les blessures du passé pour pouvoir vivre pleinement sa vie d’homme. Murakami montre merveilleusement que, en réalité, nul n’est tout à fait « incolore ». Un bonheur de lecture !