L’incivilité des fantômes

SOLOMON Rivers

Fuyant la terre, un vaisseau spatial est en route vers une destination inconnue. Ses occupants sont répartis sur plusieurs étages cloisonnés : tout en haut des différents ponts, se trouve l’élite dirigeante, sous une coupole de verre d’où on peut voir les étoiles. Les autres sont  entassés,  étroitement surveillés et brutalisés par les soldats de l’impitoyable souverain Nicolae. Aster, l’héroïne, a bien du mal à exercer son métier de médecin, dans ce monde clos où la force et la cruauté font loi.  Rivers Salomon écrit là son premier roman. Les codes de la science-fiction, rajeunis par des références scientifiques fondées ou imaginées, sont exploités tout au long d’un récit futuriste. Le monde clos du vaisseau favorise la mise en scène d’une quintessence de la critique classique du despotisme, avec ses clichés : racisme, violence, soumission et révolte. Une intrigue sentimentale entre amitié et amour traverse les barrières. Les échos du passé viennent rappeler de manière lancinante un autre temps et livrent, crypté, un message qui permettrait de déjouer les plans du tyran.  On se laisse prendre aux péripéties convenues de l’intrigue d’un récit dialogué et très visuel ; l’esthétique décadente de l’univers concentrationnaire annonce l’adaptation à l’écran. (J.G. et C.B.)