Lézards rêveurs est une édition qui réunit deux carnets personnels de Jean Giraud Mœbius, tous deux réalisés entre 1996 et 1999. Ils forment ensemble un petit corpus de textes et de dessins créés avec la ferme intention de saisir les traces de ses rêveries graphiques, ne perdant rien de ce qui se joue derrière la réalité apparente du monde… Pour Jean Giraud, se promener avec un carnet en poche en toute circonstance était devenu une méthode de travail. Il y jetait les bourgeons de ses futurs albums — telles les premières pages du Chasseur Déprime — mais aussi des concepts spontanés, des poèmes personnels ou des dessins d’observation. Parfois, les pages se nourrissaient de moments intimes en famille, de rencontres amicales ou de longues pauses peuplées de visions solitaires, glanées en des lieux bien précis : Paris, Montrouge, Los Angeles, Boston, Mexico ou New York… Avec Lézards rêveurs, ces instantanés psychiques nous projettent directement dans un ailleurs, entre-ouvrant un accès plus intime au vécu de Mœbius et à ses déambulations oniriques.
C’est avec un plaisir nostalgique que l’on plonge dans ces planches du « maitre ». On a l’impression de lui voler de manière posthume quelques moments d’intimité, de partager ses errances et de l’accompagner dans son voyage personnel. C’est un album à prendre comme un carnet de voyages, une invitation, un partage. Ne pas s’attendre à lire une histoire structurée avec un scénario accrocheur. On tourne les pages au grès de l’inspiration du moment. C’est une plongée directe dans le monde onirique de Moebius. Ca n’a aucun sens, mais cela touche directement notre imaginaire.
(MC)
