Les temps de la cruauté

VICTOR Gary

Dans un cimetière de Port-au-Prince, Carl, écrivain, découvre Valencia, assise sur une tombe avec son bébé. En loques, sale mais belle, elle se prostitue au milieu de la nécropole. Elle l’émeut et il voudrait lui donner de l’argent, sans contrepartie. Par ailleurs il reste obsédé par le vol d’un précieux médaillon qu’il a cependant récupéré au prix fort. Et naguère, étudiant, il a passé une semaine dans une famille paysanne : il aurait pu aider la femme que son mari maltraitait, mais il a été lâche. Rongé par le remords, méprisé par son épouse, il voudrait se racheter.   Gary Victor, très populaire en Haïti, élabore trois récits qui structurent la vie de son héros, narrateur insaisissable dans ses intentions fluctuantes, se chevauchent et se recoupent – ce qui n’est pas forcément simple pour le lecteur. La capitale crasseuse, la nature verdoyante et les bidonvilles où la précarité est extrême et la mort quotidienne. Bien sûr la grande connaissance des superstitions et des rites vaudou envahit l’écriture, même si le narrateur est plutôt sceptique. On est souvent proche du conte initiatique et le lecteur a parfois du mal à trouver la frontière entre imaginaire et réalité. (C.M. et M.-C.A.)