Les soeurs aux yeux bleus

SIZUN Marie

Hulda, la mĂšre, vient de mourir. Les enfants sont sĂ©parĂ©s. Les deux jeunes garçons envoyĂ©s en pension, les petites filles restent Ă  Meudon avec LĂ©onard SĂ©zeneau, leur pĂšre, et la gouvernante suĂ©doise, son amante secrĂšte. Ils s’installent ensuite Ă  Saint-PĂ©tersbourg, moments privilĂ©giĂ©s avant leur ruine, le dĂ©part de la jeune femme et l’installation en Bretagne dans la tristesse et la solitude. La maladie et la mort accompagnent leur entrĂ©e dans l’ñge adulte…  1877-1939. Trois gĂ©nĂ©rations traversent ces longues annĂ©es, mais, dĂšs le dĂ©but, le coeur chavire. Les enfants, Ă  jamais marquĂ©s par la douleur, sont angoissĂ©s par l’opacitĂ© mystĂ©rieuse qu’ils ressentent autour d’eux. Trop lourd, le poids des non-dits sur la mort de leur mĂšre les poursuivra toute leur vie. Peu de mots, des phrases courtes, un ton froid presque glacial accentuent l’émotion : l’empreinte talentueuse de Marie Sizun (La gouvernante suĂ©doise, NB septembre 2016) marque trĂšs vite les pages. Elle rappelle aussi sa lignĂ©e suĂ©doise, raconte le dĂ©clin d’une bourgeoisie conventionnelle et l’éclosion d’une nouvelle libertĂ© pour les femmes. Psychologue avertie, elle dĂ©crit un pĂšre incapable et tyrannique. Remarquable conteuse, elle multiplie les rebondissements, sublime les atmosphĂšres. Une fiction romanesque de grande qualitĂ©. (V.M. et C.G.)