Les mésaventures de Noisette

VAN ALLSBURG Chris

Dans l’animalerie, Noisette le hamster est le dernier à être adopté. À vrai dire, il avait tout fait pour décourager les candidats. La petite fille qui l’emmène le câline comme un joujou tout neuf, puis retourne à sa tablette, se contentant de le gaver de nourriture. Vite lassée, elle le revend. Le pauvre hamster passe d’enfant en enfant, victime à chaque fois, pour finir sa triste existence dans une classe puis abandonné sur un terrain de sport en plein hiver.

De l’envie d’adopter un animal familier à la responsabilité que cela implique, il y a un champ ouvert à l’indifférence ou à la maltraitance, ce que dénonce cet album surprenant sous la signature de Chris Van Allsburg, bien loin de son imaginaire et de sa recherche graphique habituels. La violence domine en dépit de couleurs rosâtres, les enfants sont quasi seuls, sans adulte pour infléchir leurs comportements. L’image, avec ses angles de vue, ses gros plans, le jeu des barreaux de la cage produit une impression voulue de froideur, de cruauté, d’absence d’humanité. Le message est évident, le livre sévère pour les humains. Heureusement les écureuils se révèlent plus fraternels, dans une fin célébrant la liberté. (A.-M.R.)