Les intermittences de la mort

Au premier jour de l’année nouvelle, la mort décide de suspendre son activité. Brutalement privés de leur matière première, les pompes funèbres manifestent, hôpitaux et hospices s’engorgent et les dommages collatéraux dépassent rapidement l’euphorie initiale. Les pays voisins étant épargnés, le gouvernement s’émeut d’un trafic transfrontalier, organisé par la mafia locale, pour aller mourir ailleurs. Mais que cache cette soudaine immortalité ?  Cette séduisante idée, développée avec un humour caustique et jubilatoire, laisse rapidement place à la réflexion. Si José Saramago tire parfois de façon un peu provocante sur le suaire, il pose, sous couvert d’une fable kafkaïenne, les questions fondamentales de la mort et de la vie éternelle. Dieu a-t-il autorité sur la mort ? Sophistes et sceptiques argumentent sur les conséquences d’un avenir sans trépas. Le livre vise le divertissement, tout en abordant des réflexions philosophiques qui rappellent La Caverne (NB août-septembre 2002). Cependant l’écriture, propre à cet écrivain de l’imaginaire, prix Nobel de littérature 1998, déconcerte parfois par sa richesse et ses digressions.