Les guerres intérieures

TONG CUONG Valérie

Un bruit de lutte et des gémissements lui parviennent de l’étage supérieur. Pax voit un homme s’enfuir. Il n’en a cure, il a rendez-vous avec un metteur en scène célèbre. Emi, séduisante eurasienne, est DRH dans une entreprise où un chauffeur de poids lourd s’est tué. Accident ou suicide ? Elle soustrait du dossier un mail où le vieil employé s’indignait d’être rétrogradé car son fils Alexis, grièvement blessé par un déséquilibré, absorbe toute son énergie. Emi et Pax se rencontrent et s’aiment, mais gardent chacun leur secret. Tout bascule quand Pax réalise que son intervention aurait pu sauver Alexis.

Dans ces débats intérieurs où se mêlent chez Emi et Pax le remord d’avoir négligé leur devoir et l’angoisse d’être découverts et jugés, le style imagé de l’auteure est salvateur (Par amour, HdN mars 2017). Elle croque ses personnages, leurs fantasmes et leurs velléités contradictoires avec beaucoup de pertinence. Elle est en revanche moins à l’aise dans la construction de l’intrigue : là où le double drame et l’évolution des pensées respectives de ses deux personnages auraient dû créer un malaise grandissant, elle ne sait que retricoter indéfiniment les mêmes sentiments, ce qui efface rapidement l’émotion. (A.Lec. et F.L.)