Les Graciées

En 1617, la veille de Noël, une terrible tempête ravage la côte septentrionale de la Norvège. Les pêcheurs d’une petite île sont noyés et les femmes doivent prendre la relève. Le pouvoir royal nomme bientôt un pasteur et un délégué, sommés d’imposer la religion luthérienne et d’éradiquer le chamanisme lapon. La jeune Maren se lie d’amitié avec l’épouse du délégué sur fond de délation et de chasse aux sorcières.

Ce premier roman d’une auteure anglaise saisit d’emblée par l’âpreté du sujet et la vigueur du style : la description des éléments extrêmes, la magie qu’ils provoquent, l’horreur des cadavres gelés rejetés par la mer, l’atrocité des condamnations et des supplices par le feu infligés par les officiels, mais aussi le courage extraordinaire des femmes face à l’adversité, prennent aux tripes. La relation amoureuse naissante entre la jeune épouse pitoyable et malheureuse, mariée au fonctionnaire tortionnaire et la villageoise vaillante et généreuse émeut par sa subtilité. La romancière s’est appuyée sur des faits météorologiques et historiques avérés, en particulier l’action répressive d’exécuteurs écossais recrutés par le roi de Norvège et du Danemark, un seul pays à l’époque, pour combattre les superstitions samies. Un beau roman, envoûtant et glaçant ! (L.K. et B.T.)