Les fleurs de la ville

LAWSON Jon Arno, SMITH Sydney

Tout de rouge encapuchonnĂ©e, elle chemine dans la ville noire, la main dans la main de son papa. Haute comme trois pommes, le nez au vent, elle ne perd pas une miette du spectacle de la rue oĂč elle voit ce que les adultes remarquent rarement : les fleurs qui poussent ici ou lĂ , Ă  la jointure d’un trottoir, dans le bout de terre Ă  nu autour des arbres ou encore entre deux pavĂ©s. Elle les cueille, trottine en quĂȘte d’un destinataire Ă  sa hauteur : moineau mort, vieil homme couchĂ© sur un banc, chien en laisse
  Et la ville, peu Ă  peu, prend de la couleur.

Un album sans paroles, dĂ©coupĂ© parfois comme une BD, rythme la promenade urbaine d’une enfant sensible Ă  la menue beautĂ© du monde et spontanĂ©ment dĂ©sireuse de partager. Les personnages sont plus esquissĂ©s que dessinĂ©s. Les cadrages dĂ©coupent la ville en plans larges variĂ©s, comme autant de scĂšnes de rue, et en vignettes centrĂ©es sur la main ou le regard de la fillette, porteurs d’émotion. La structure narrative est trĂšs simple, dynamique comme la balade dont elle est le support rythmique. L’évocation d’un de ces moments de grĂące qu’il faut savoir saisir.(C.B.)