Les déferlantes

GALLAY Claudie

Pour qui aime les romans d’ambiance, celui-ci est un modèle du genre ! Dans l’âpreté de la pointe du Cotentin, les personnages contrastés ont pour seul point commun un passé douloureux, noué de secrets, de silences, de drames. Lambert, revenu régler ses comptes après des années d’absence, Lili, au comptoir du bar local, Théo, gardien de phare taciturne, Raphaël, jeune sculpteur tourmenté… Il y a aussi, hantée par les farfadets, Nan que les deuils ont rendue folle et surtout, surtout, la mystérieuse narratrice, trait d’union entre ces êtres battus par la vie et les vents obsédants. Après avoir tout quitté, la voici qui observe, à longueur de journées, les oiseaux pour le compte du Centre ornithologique de La Hague, tentant de se remettre de la perte de l’homme aimé.  

Un peu glauque ce roman ? Non, car il est avant tout d’une musicalité très maîtrisée. En contrepoint à la violence des éléments, Claudie Gallay dévoile avec infiniment de réserve la houle intériorisée des sentiments ou la résistance d’âmes bien trempées, fortes comme des rocs. Tout cela rend un son très beau, très émouvant, totalement dénué d’artifice, comme un ressac qui happe et emporte au loin.

Prix CBPT 2009