Les bêtes curieuses

DAVID François, GALERON Henri

Revisité à la sauce surréaliste, ce bestiaire « désorganisé » par un auteur et un illustrateur complices ne peut manquer d’être aussi « curieux » que les deux créatures bizarres sur la couverture, dont les anatomies empruntent des éléments à différents animaux. À l’intérieur, il s’agit moins de jouer sur ce registre de l’étrangeté que sur celui de la caricature animale, et sociale. Présenté dans sa version et son appellation classiques, sur chaque double page, un animal est placé en situation plus ou moins rocambolesque.

L’association entre le portrait en quelques mots et l’illustration juxtaposée fait surgir l’originalité, l’étrangeté, l’humour ou le sourire, l’ironie. Ainsi du petit rat « ennemi des chats mais amoureux des entrechats », ou du loup « fort cultivé capable de distinguer les bobinettes des chevillettes », facilement compréhensibles par les enfants. D’autres portraits leur seront plus difficiles à interpréter : les allusions sous-jacentes nécessitent des références plus adultes. Les dessins sont ciselés pour être en osmose parfaite avec les mots minutieusement choisis. Le jeu d’esprit surréaliste est brillant, mais plus ou moins aisément perceptible à chaque page.