Les ailes du désespoir

DURAND-RUEL Roselyne

David Serfati, qui est juif, rompt ses fiançailles pour épouser Alia, une amie d’enfance musulmane. Ils exilent leur impossible amour à New York jusqu’aux attentats du 11 septembre et la mort d’Alia. Fou de douleur et de rage, David apprend qu’elle avait mis au monde une petite fille, fruit d’un viol, et décide de venger sa mort et son honneur en infiltrant, sous les traits d’un islamiste, le milieu radical.  Dans un livre dense, où les dialogues tiennent une place importante, Roselyne Durand-Ruel étudie en détail l’engrenage de l’engagement individuel dans l’activisme et sa traduction émotionnelle chez un homme habité par le désir de vengeance. Une grande partie du récit est consacrée à la transformation du candidat au djihad, à son approche par les recruteurs et aux subtiles manipulations dont il fait l’objet, au détriment parfois de l’action. Les chapitres plus romanesques consacrés à la petite fille offrent une bouffée d’oxygène bienvenue entre les préceptes coraniques et les états d’âme du jeune veuf. Après L’héritier (NB mai 2013), ce roman d’actualité, qui peine à rendre son héros attachant et son dénouement crédible, interroge sur la frontière entre le bien et le mal que les circonstances peuvent amener à franchir. (Maje et A.Le.)