L’épidémie

ERICSDOTTER Äsa

Le premier ministre suédois, Johan Svärd, met en œuvre depuis quatre ans son programme d’éradication de l’obésité. Les églises sont transformées en centres de sport, les traitements chirurgicaux ou chimiques sont obligatoires. Les « gros » sont exclus de leur emploi et bientôt de leur logement. Landon, jeune universitaire, incapable de sauver sa fiancée anorexique, se réfugie à Kavarö. Il y rencontre Helena et sa fille Molly. Les élections se rapprochent. Svärd passe à la vitesse supérieure : il organise des « camps d’amaigrissement ». Helena disparaît.

Inspiré par un pasteur américain, un politicien prétend « unifier le pays autour de la santé ». L’obésité, dangereuse « épidémie », doit être jugulée. Et par conséquent il faut que les « gros » disparaissent. Les effets mortifères de cette idéologie qui propage la peur apparaissent progressivement dans toute leur horreur au fil du récit. Or le mépris des gros, le dégoût du gras, l’attention à la seule apparence sont des réalités de notre société avide de selfies. La fabrication d’un bouc émissaire en rapport avec la nourriture n’est pas invraisemblable dans un monde déboussolé. Cette dérangeante dystopie, premier roman d’Äsa Ericsdotter traduit en français, tient en haleine jusqu’à la fin. (C.P. et A.K.)