L’Énigme Elsa Weiss

BEN-NAFTALI Michal

Tel-Aviv, à partir des années soixante. Elsa Weiss, professeur d’anglais, marque des générations d’élèves par la qualité de son enseignement, son engagement absolu, et plus encore son refus de tout contact et de tout sentiment. Juive hongroise, adulte lors de l’invasion nazie, elle a été, en 1944, passagère du train Kastner, négocié avec les SS par un avocat pour sauver 1600 juifs. Profondément marquée par le déracinement et le voyage très éprouvant (elle croit qu’on l’emmène à Auschwitz), celle qui désormais se sent « survivante impure », « porteuse de malédiction », et incapable de témoigner, se suicide en 1980.  La narratrice, hantée par le silence des survivants de la Shoah, est l’élève d’Elsa en 1970. Devenue professeure elle-même, elle aimerait comprendre cette femme étrange qui attire et repousse en même temps – le texte est constamment riche en oxymores. Outre une quête historique, elle pallie le manque de renseignements précis par l’imagination et le rêve. Les courts chapitres ne respectent pas la chronologie et accordent une grande part aux années d’avant-guerre. Cette biographie fictionnelle, grave, émouvante souvent, apporte un regard nouveau sur un thème souvent traité, avec une écriture amoureuse de la précision. (M.F. et M.-C.A.)