L’Enfant qui parlait avec les nuages

DELPARD Raphaël

Ancienne Ă©lĂšve du couvent des Oiseaux de Neuilly, Clarisse, sortie de l’École normale en juillet 1918, est nommĂ©e institutrice dans un village prĂšs du Mans. ProtĂ©gĂ©e par le prestige et l’entregent de sa famille sarthoise, elle se lance dans sa nouvelle vie, bousculant des habitudes ancestrales. Le modĂšle rĂ©publicain qu’elle impose heurte les villageois qui refusent l’intĂ©gration des enfants diffĂ©rents des autres. Parmi eux se trouve la soeur aveugle d’un Ă©lĂšve, soupçonnĂ©e de sorcellerie. Le maire et les Ă©lus se mobilisent contre Clarisse. Reprenant le thĂšme bien connu de l’histoire des instituteurs sous la IIIe RĂ©publique, RaphaĂ«l Delpard (Pour l’amour de ma terre, NB septembre 2012) reconstruit avec justesse le portrait d’une sociĂ©tĂ© rurale française marquĂ©e par la guerre, conservatrice et repliĂ©e sur elle-mĂȘme. L’auteur aborde le sujet grave et touchant de l’Ă©volution des mentalitĂ©s et de l’insertion des handicapĂ©s – certains feront un jour partie des Ă©lites – grĂące, entre autres, Ă  l’Institut des Jeunes Aveugles et Ă  l’association Valentin HaĂŒy. L’hĂ©roĂŻne, combative et naĂŻve, drĂŽle parfois, emporte notre adhĂ©sion. Si le manque d’Ă©paisseur de certains personnages secondaires – masculins en particulier – frĂŽle un peu la caricature, on suit avec intĂ©rĂȘt ce combat d’une femme contre l’obscurantisme.