L’éducation de Jésus

COETZEE J.M.

Le jeune David, enfant recueilli, a six ans quand ses protecteurs décident, par crainte des autorités, d’émigrer dans une autre ville. D’une précocité étonnante, s’épanouit dans une Académie à l’enseignement étrange basée sur la danse, la musique et les chiffres. Mais un drame sanglant vient bouleverser la vie de toute la famille.   Le célèbre écrivain, sud-africain d’origine, Prix Nobel 2003, donne une suite à Une enfance de Jésus (NB novembre 2013). Écrite dans le même esprit, c’est une sorte de fable dont les références évangéliques ténues concernent surtout les portraits du père, patriarche plein de bonté, et celui de David, enfant d’une grande maturité. Il faut se laisser porter par ce récit peu réaliste, qui frise à dessein l’absurde, et tenter de plonger dans ses implications métaphysiques et morales. L’ambivalence du coeur humain – beautés de l’amour et du pardon, turpitudes de la passion et de la haine – est bien analysée. La satire contre la justice et la psychiatrie est drôle, mais les théories pédagogiques et philosophiques au relent New Age semblent parfois bien fumeuses. De belles figures et un bon style de conteur font le charme de ce livre qui peut décontenancer ceux qui ont aimé les romans de l’apartheid. (L.K. et J.D.)