Le Vin des morts

GARY Romain Émile Ajar

Un quidam entre nuitamment par effraction dans un cimetiĂšre. TombĂ© dans un trou, il se retrouve dans le monde des morts. Il y dĂ©couvre un large Ă©ventail de la sociĂ©tĂ© : le gratin cĂŽtoie les bas-fonds, la police omniprĂ©sente se mĂ©tamorphose en insectes nausĂ©abonds, des pĂšres et mĂšres, souvent suicidĂ©s, retrouvent enfants et aĂŻeuls. Passant des uns aux autres avec l’espoir d’en sortir au plus vite, il est entraĂźnĂ© dans une sorte de bacchanale dĂ©jantĂ©e, morbide et salace oĂč rĂšgnent violence, alcool, sexe et scatologie. Ce livre, Ă©crit en 1937, Ă  l’ñge de dix-neuf ans, et conservĂ© sa vie durant par son auteur sans ĂȘtre publiĂ©, possĂšde toutes les maladresses et les outrances d’un premier roman. Il est cependant un excellent rĂ©vĂ©lateur de la personnalitĂ© de Gary-Ajar et des thĂšmes qui ont habitĂ© ses oeuvres futures. Claire et didactique, la remarquable prĂ©sentation de Philippe Brenot en rend bien compte. Elle signale notamment certains passages du texte qui seront repris postĂ©rieurement dans Éducation europĂ©enne, Gros CĂąlin, La vie devant soi et Pseudo. À travers ce rĂ©cit ahurissant et la satire sociale fĂ©roce qui l’accompagne, se dessinent les tourments et les angoisses du jeune Kacew-Gary que l’écriture n’arrivera jamais Ă  exorciser.