Le Vilain Petit MACHIN

ROGER Marie-Sabine, LERAY Marjolaine

On ne raconte pas le conte d’Andersen : tout le mode connaĂźt quel sort injuste est rĂ©servĂ© au « vilain petit canard Â».  Suite Ă  un violent coup de vent qui sĂšme la pagaille, JosĂ©phine Colvert, quand ses Ɠufs Ă©closent, se retrouve maman de cinq canetons mignons et d’un inconnu tout noir avec un bec rouge. Ses frĂšres ont tĂŽt fait de le baptiser « machin Â» tant l’enfance est sans pitié 

La triste aventure de Machin est un vibrant plaidoyer pour ceux dont « les beautĂ©s cachĂ©es attendent d’ĂȘtre rĂ©vĂ©lĂ©es Â», ceux qui ne croient pas en eux et sont victimes du regard, rarement positif, des autres. À la maniĂšre d’une fable de La Fontaine, le rĂ©cit des malheurs de Machin est suivi d’une morale qui conclut l’histoire construite autour par une leçon de vie : une injonction Ă  avoir confiance en soi. Le registre animalier contient en soi sa dose parodique et donc sa force comique. Le vilain petit Machin qui prend des libertĂ©s avec le conte ajoute savoureusement Ă  ce plaisir du dĂ©calage une thĂ©ĂątralitĂ© accentuĂ©e, la ponctuation de commentaires pince-sans-rire du narrateur et la virtuositĂ© d’un rĂ©cit oĂč s’entend, comme Ă  contre-emploi, la musique de la langue classique. L’humour et l’élĂ©gance de l’illustration Ă  l’encre noire avec une touche de rouge parachĂšvent ce petit bijou.  (C.B)