Le théorème d’Almodóvar

CASAS ROS Antoni

Tout de suite, situations et personnages accrochent : le narrateur-écrivain, un jeune mathématicien monstrueusement défiguré dans un accident de voiture, mortel pour sa radieuse compagne ; un travesti, prostituée au grand coeur ; un cerf (cause de l’accident ?), en animal de compagnie ; Almodóvar, le cinéaste, tournant un film de cette histoire ; plus une mère exemplaire, joliment déraisonnable, et Newton convoqué en exergue des chapitres…

 

Tour à tour drôle, triste, brillant, déconcertant, le scénario se développe avec une efficacité inégale. L’auteur, tout à son premier roman, mixe fantasmes et réalité, s’investit dans les dialogues, encore davantage dans des scènes amoureuses explosives. Il reprend ses distances pour philosopher, son histoire et son monstrueux visage suscitant aisément ses digressions sur la beauté, la mort, le sexe, le rapport à l’autre. Cependant le héros n’en parcourt pas moins en nocturne les quartiers chauds de Gênes, emmène brouter son cerf dans les jardins publics, tandis que son amie travesti, se baignant dans les fontaines, offre des appas composites aux yeux surpris de la maréchaussée. Le bonheur n’est plus loin.