Le sérieux des nuages

BALDWIN-BENEICH Denis

À l’invitation d’une amie d’enfance, le narrateur, Maxime, un Français cinquantenaire exilé aux États-Unis, revient dans une petite bourgade de l’Oise fêter la décoration d’un ancien professeur. Il y retrouve toute la bande des copains de sa jeunesse. Les garçons, pétris de petites ambitions et de suffisance, sont devenus ventripotents alors que plane le souvenir douloureux d’une jeune paysanne dont ils avaient tous abusé et qui s’était suicidée. Les filles, adeptes de la libération des moeurs de l’époque, accusent les ravages du temps. Cependant, Maxime se montre très troublé par Marthe qu’il avait brutalement plaquée autrefois.

 

La tonalité très grise que dégage la vie de ces jeunes cyniques devenus adultes est bien rendue. Les portraits grinçants sont ciselés au scalpel, justes et drôles : fatuité des notables, morgue décontractée de l’aristocratie locale. Mais les péripéties de ces retrouvailles et de ce retour de flamme ne passionnent guère. L’écriture repose sur un curieux mélange de trivialité et de préciosité redondante. Le style, nourri de références littéraires, très imagé et métaphorique, toujours original, révèle un réel talent déjà remarqué dans Les Corbeaux de Providence (NB mars 2006).