Le rugby c’est facile

DECORTE Olivia

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L’album oblong, à l’épais papier ivoire, offre un beau terrain de jeu à des croquis commentés en quelques mots. En script faussement hésitant, dont les lettres rondes ont bu l’encre dans leur renflement, ce sont les mots d’un novice qui remarque ce que ne voit plus l’habitué des stades : un maillot qu’il faut ajuster, les casques, les chaussettes pour réchauffer les mollets, un ballon pressé sur son coeur, les roulades dans l’herbe, des actions de jeu décrites sans termes techniques…

Le plus souvent, le regard suit un joueur, seul engagé, parfois une mêlée ou le public. Le trait n’est pas régulier, comme tracé par une plume qui s’écrase, ou repris à deux fois. Les couleurs – du rouge et du noir – sont étalées en taches comme coulées d’un pinceau trop chargé d’encre. L’image n’est pas toujours cadrée comme si le mouvement entraînait le joueur au-delà de la page. Cette fausse impression de brouillon traduit à chaque action des émotions et des observations sur lesquelles un expert pourra mettre le mot juste.