Le roman d’Alia

Placée, selon le souhait de son fils, dans une résidence luxueuse, la narratrice, âgée de soixante-dix-huit ans, refuse de partager le mode de vie artificiel des pensionnaires. Une serveuse marocaine lui redonne le goût de vivre et lui offre cinq cassettes racontant l’extraordinaire ascension d’Alia, la concubine favorite du pacha de Marrakech, grâce aux forces conjuguées de son intelligence et de sa volonté. La narratrice choisit de retranscrire secrètement cette histoire. Livrée à sa sensibilité créatrice, elle s’identifie à son héroïne et reconquiert sa liberté de coeur et de mouvement, tandis qu’à cause du déclin du protectorat marocain, Alia perd son pouvoir.  Construit sur une double intrigue, ce roman entraîne le lecteur dans deux mondes cruels : la vie aseptisée et régressive imposée en maison de retraite, l’esclavage dans les prisons dorées des harems d’Orient. Après Le gardien du phare (NB février 2007), l’auteure mêlant l’imaginaire au réalisme conte, avec talent, le destin douloureux, mais maîtrisé, de deux femmes énergiques et délivre un beau message : « La vraie liberté est la souveraineté sur soi-même ».