Le répondeur

BLANVILLAIN Luc

Baptiste est imitateur, « imitateur de niche ».  Ses « personnages » sont loin des célébrités attendues, le public clairsemé du théâtre associatif dans lequel il se produit le lui signifie tous les soirs ! Jusqu’au jour où Jean Chozène, un romancier célèbre, l’aborde après une représentation et lui demande de travailler pour lui : Baptiste sera son « répondeur », chargé de prendre sa place et sa voix pour répondre à tous les appels téléphoniques qui l’empêchent d’écrire.  Drôle de jeu !  Jeu troublant que ce transfert d’identité où l’un entre dans l’intimité de l’autre et infléchit sans le vouloir puis sciemment le cours de sa vie privée. Baptiste, en funambule, invente son Chozène et « Je est un autre » vertigineusement.  Jeu dangereux aussi : Baptiste est pris au piège de sa proximité avec Jean et avec sa fille dont il tombe amoureux ; l’acteur trébuche, le masque tombe. L’intrigue frôlerait-elle la gravité et la facilité romanesque ?  Non : le romancier s’amuse, manipule la vraisemblance, invente des temps, des contretemps, des quiproquos sonores dignes d’un vaudeville, des péripéties saugrenues orchestrées avec fantaisie jusqu’à l’outrance et donne à cette histoire échevelée un dénouement de conte de fées. C’est du jeu ! (C.B et F.E.)