Le paradis pour demeure

OVIDIO Pierre d'

Bertrand, agriculteur Ă  Saint-Marcel-sur-Creuse, est seul : sa mĂšre « qui dĂ©raille » est en maison de retraite et ses prĂ©cĂ©dentes fiancĂ©es, venues de l’Est, sont parties. D’une virĂ©e Ă  Paris, il ramĂšne Marianne, SDF au passĂ© obscur, jolie et agressive, qui provoque un Ă©moi au bistrot du coin et surtout chez Gilles, le voisin dĂ©vouĂ© mais perfide. DerriĂšre la passivitĂ© hivernale de ce village s’agitent des pensĂ©es louches, voire meurtriĂšres. Écrivain Ă©clectique (Les enfants de Van Gogh, NB octobre 2007), Pierre d’Ovidio mĂȘle ici roman noir et roman de terroir. Il aborde un sujet grave dont la tĂ©lĂ©rĂ©alitĂ© s’est emparĂ©e : la solitude affective des jeunes agriculteurs. Il montre avec justesse la morositĂ© de la vie dans ces villages isolĂ©s, le manque de confort des fermes, la rudesse des hommes, la lourdeur du travail
 En revanche, l’histoire criminelle est peu convaincante, illustrant la banale morale qu’il « faut se mĂ©fier de l’eau qui dort ». L’écriture, familiĂšre pour faire « vrai », oppose le ton des champs Ă  celui des villes selon les personnages. DĂ©cidĂ©ment, le bonheur n’est pas dans le prĂ© !