Le mystère Tour Eiffel

GUERIN Armand, LACAF Fabien

De retour à Paris en 1906, Antoine Vigier montre à sa femme et son jeune fils l’objet de ses « exploits » : la Tour Eiffel, le prestigieux monument parisien construit pour l’Exposition universelle de 1889 et destiné à fêter dignement le centenaire de la révolution française. Après avoir été apprenti forgeron dans son Cantal natal, Tonin – ainsi l’appelait-on alors – était « monté à Paris ». La capitale l’avait séduit d’emblée. Il logeait chez son bougnat d’oncle, vivant de trafics un peu louches du côté des guinguettes de Bougival quand, livrant du charbon au chantier démarré sur le Champ de Mars, il fut embauché comme forgeron pour l’édification de la tour : 300 mètres à monter en trois ans. Une audace architecturale controversée. A son insu et au risque de le compromettre, ses amis anarchistes, dont l’aguichante et affranchie Camille, se servaient de sa naïveté pour tenter de faire sauter ce symbole du monde de l’argent. Sans l’intervention  de Tonin, la tour n’aurait jamais été inaugurée et devenue ce qu’elle est : le symbole de Paris …

À travers cette intrigue policière contée en flash-back, c’est toute  l’histoire de la construction de la Tour que dépeignent Guérin et Lacaf : le projet concurrent en pierres proposé par Garnier, l’utilisation du pylône métallique expérimenté dans les constructions de viaducs, l’enfouissement sous les piliers de caissons étanches pour compenser les infiltrations, l’installation d’appareils scientifiques au sommet de la tour qui éviteront le  démontage de celle-ci, prévu au bout de dix ans. Mais c’est aussi la peinture d’une époque : Paris avec ses villages et son port sur la Seine, ses bois et ses promenades, ses artistes-peintres tels Van Gogh ou Toulouse-Lautrec, ses cabarets et ses chansonniers. Les références techniques, culturelles et historiques abondent dans une docu-fiction bien ficelée. Les plans aériens, les édifices parisiens – les Halles, l’ancien palais du Trocadéro, le Moulin Rouge -, le langage d’époque sont fidèlement reconstitués, restituant bien l’atmosphère dynamique et optimiste de cette fin de siècle. Une histoire complète, au graphisme fouillé et gaiement coloré – avec une tour Eiffel rouge brique ! – dont la simplicité du fil conducteur fait vibrer les plus jeunes et dont l’authenticité des détails intéresse les plus âgés.