Le malheur du bas

BAYARD InĂšs

Trois corps – celui d’une femme, d’un homme et d’un enfant en bas Ăąge – gisent sans vie dans un appartement parisien. Zoom arriĂšre : Marie travaille dans une banque, Laurent est avocat. AprĂšs quelques annĂ©es d’un mariage heureux, ils ont dĂ©cidĂ© d’avoir un enfant lorsque Marie est violĂ©e par son supĂ©rieur. Elle le cache Ă  son mari par peur des rĂ©actions masculines. Se dĂ©couvrant enceinte, elle se persuade que l’enfant est le fruit du viol.   La lecture du premier roman de cette jeune inconnue est un vĂ©ritable choc. L’ouverture ne laisse d’ailleurs, Ă  dessein, aucune illusion sur l’issue tragique. Passant de la sĂ©rĂ©nitĂ© d’une vie comblĂ©e au drame, l’écriture, au prĂ©sent, bascule brusquement. Elle se fait crue, prĂ©cise, clinique, d’un rĂ©alisme parfois rebutant. Pour dire l’insoutenable, la scĂšne du viol, la descente aux enfers de l’hĂ©roĂŻne, l’auteur ne mĂąche pas ses mots. L’inconscience du mari, incapable de soupçonner la vĂ©ritĂ©, pourtant Ă©vidente, malgrĂ© le dĂ©litement de leur vie amoureuse, les tourments du corps de sa femme, sa rĂ©pugnance envers les contacts physiques, rĂ©volte. Le dĂ©goĂ»t de la mĂšre pour son enfant innocent, qu’elle nĂ©glige, serre le coeur. Une lecture forte, suffocante, presque intolĂ©rable.  (M.-F.C. et M.-N.P.)