Le Golem

WISNIEWSKI David

Prague, 1580. Les juifs sont persĂ©cutĂ©s par les chrĂ©tiens qui font courir sur leur compte une rumeur exĂ©crable. Le rabbin Loew, craignant le pire, crĂ©e un ĂȘtre de glaise, un Golem, pour protĂ©ger la citĂ©. Le calme revient, mais, sa mission accomplie, qu’en est-il de la « crĂ©ature » ?

La lĂ©gende fait partie du folklore juif : elle s’inscrit dans le dĂ©bat thĂ©ologien concernant le droit Ă  donner la vie, prĂ©rogative de Dieu sauf en cas de menace extrĂȘme oĂč un kabbaliste peut le supplĂ©er. Au-delĂ  de ce contexte, le Golem et ses successeurs permettent de s’interroger sur les dangers inhĂ©rents Ă  nos jeux d’apprentis sorciers. Dans le cas prĂ©sent, oĂč la crĂ©ature est renvoyĂ©e Ă  sa terre, on entend aussi son point de vue et sa souffrance Ă  quitter le monde. Peut-on instrumentaliser un ĂȘtre sensible et disposer de sa vie ? L’illustration de ce « conte d’avertissement », faite de superpositions en papier dĂ©coupĂ© sert, avec des tons sombres, l’atmosphĂšre crĂ©pusculaire du rĂ©cit. Le Golem a l’envergure d’un gĂ©ant protecteur et menaçant : stature impressionnante, cadrages avantageux, traitement expressionniste du visage. L’ambiguĂŻtĂ© du personnage –qu’il fallait bien reprĂ©senter- est parfaitement rendue.