Le Français qui possédait l’Amérique : la vie extraordinaire d’Antoine Crozat, milliardaire sous Louis XIV

MÉNARD Pierre

Antoine Crozat, né en 1655 dans le Sud-Ouest d’un père parvenu, imite très vite l’ambition et l’ascension sociale de son mentor Pennautier. Avec ses frères, il forme un clan soudé. Grâce au commerce (sucre, café, tabac, blé, puis esclaves), il accumule une fortune immense, devient armateur, finance guerres, canaux, intrigues… Antoine collectionne titres et châteaux, il réside place Vendôme, marie noblement sa progéniture. La protection royale ou du Régent lui vaut des honneurs mais pas la considération de l’aristocratie ni la célébrité posthume.  On peut s’étonner que Pierre Ménard ait dépensé tant d’énergie et écrit tant de pages pour célébrer la réussite matérielle d’un homme industrieux et bâtisseur qu’il semble détester. Il souligne les trafics louches, l’infâme traite négrière, les manoeuvres perfides et machiavéliques du rapace négociant. Mais il réussit, avec des références anachroniques, « mafia, mondialisation, Marx, le Ritz… » à tisser un lien entre l’économie du XVIIe siècle et celle du XXIe. L’ensemble, cependant, trop touffu, fourmille d’histoires de famille inutiles et s’étend sur de complexes montages financiers. Ce livre vaut par sa documentation et parce qu’il relate la mauvaise gestion de la France de l’époque, ruinée et qui confond argent privé et public. (S.La. et B.Bo.)