Le cow-boy du Bazar de l’Hôtel de Ville

DELBOURG Patrice

Modeste employé du rayon outillage, au sous-sol du Bazar de l’Hôtel de Ville, Eugène Gibloz n’existe vraiment qu’en dehors de son travail. Vêtu alors d’un de ses nombreux costumes de cow-boy – panoplie complète – il arpente les rues avoisinantes en faisant sonner ses éperons sur les trottoirs, incarnant les héros de westerns qu’il connaît par coeur. Clown triste, vieillissant, dont la vie amoureuse est au point mort, il est susceptible, toujours prompt à dégainer son arme factice, suscitant les rires ou les bagarres. Patrice Delbourg (Les chagrins de l’arsenal, NB septembre 2012) développe son thème favori : le faux héros qui vit dans l’imaginaire, le raté qui joue un rôle pour échapper à la solitude et à la monotonie de son existence. On ne peut qu’admirer la très grande érudition cinématographique de l’auteur qui montre beaucoup de tendresse pour cet antihéros d’un film de série B. Bien qu’usant d’un procédé qui peut lasser à la longue, l’« hypocondriaque » romancier fait preuve d’un talent incontestable, servi par une écriture inventive, riche d’humour.