Cambridge, 1913. Harold Hardy, mathématicien prestigieux de Trinity College, reçoit une lettre de Ramanujan, fonctionnaire à Madras, autodidacte génial, passionné par les nombres. Est-ce un illuminé ? S’agit-il d’un canular ? Hardy et son collègue Littlewood prennent le risque du ridicule ou de la déception et font venir le jeune prodige. Leur projet ? Démontrer avec son aide l’hypothèse de Riemann concernant les nombres premiers – programme exaltant qui en séduit plus d’un. Mais ce n’est pas aussi simple. Si Trinity College est un havre de paix pour les scientifiques, c’est aussi un lieu redoutable d’affrontement sournois ou déclaré. Ramanujan assimile mal les moeurs anglaises – la nourriture aussi ! Et la guerre arrive, avec ses héros, ses lâches, ses pacifistes, ses morts…
Le sujet pourrait paraître ardu, voire ésotérique, mais ces personnages ont réellement existé et l’auteur de Le Manuscrit perdu de Jonah Boyd (NB octobre 2005) leur donne magistralement une nouvelle vie, souvent excitante. Étayée par une documentation solide et considérable, l’oeuvre est une fiction historique qui rassemble tous les fils des divers destins en ajoutant quelques personnages féminins originaux. Hardy – qualifié d’« homosexuel non pratiquant » mais pas moins obsédé – est un personnage très riche, complexe et subtil, entre humour et componction, générosité et lâcheté. C’est lui le héros…