Le ciel d’Anna

HOLE Stian

Sa mĂšre est morte. Anna est assise sur sa balançoire, la tĂȘte renversĂ©e. Dans un sens comme dans l’autre, on peut « rĂȘver » ou « ressasser », dit-elle Ă  son pĂšre, verrouillĂ© de chagrin, qui s’impatiente, en tenue de deuil, sur le chemin de l’église. Avec tendresse, elle lui propose un Ă©trange voyage entre la fosse des Mariannes et la nĂ©buleuse du Crabe.

La difficile question du deuil et de l’au-delĂ  est abordĂ©e sans miĂšvrerie ni dogmatisme. La tendresse de l’enfant guide l’adulte vers la lumiĂšre, de « l’averse de clous » Ă  « la pluie de fraises ». Un itinĂ©raire onirique et poĂ©tique ! Comment lire le malheur autrement ? Quelle place donner Ă  l’absente ? En imaginant un monde sans haut ni bas, sans commencement ni fin oĂč chaque chose comme chaque ĂȘtre trouve son complĂ©ment, oĂč rien ne disparaĂźt irrĂ©mĂ©diablement. Le texte n’impose aucune lecture ; les images, photos dĂ©tournĂ©es, paysages peints ou dĂ©corĂ©s, laissent la mĂȘme libertĂ©. De la premiĂšre Ă  la derniĂšre page, grĂące Ă  Anna, qui dĂ©livre son pĂšre de sa douleur, le « ressassement » de la mort s’est inversĂ© comme un palindrome en initiation Ă  la vie.