Le carrefour

FLOC'H Arnaud, CHARLET Grégory

Elias B. fait sa visite hebdomadaire sur la tombe de sa mĂšre. Comme souvent, il y croise sa fille Marianne. Celle-vit de son cĂŽtĂ© avec sa  mĂšre. Elias est expert en assurance, trĂšs ordonnĂ© voire maniaque. C’est cependant contre l’avis de son patron qu’il se rend Ă  Yvette-sur-Loing pour visiter un carrefour, lieu de trop nombreux accidents mortels. Mais on est en mai 68. La panne d’essence est sans rĂ©mission, Elias laisse sa Simca au bord de la route. Il est pris en stop par un gamin en vĂ©lo, chargĂ© d’un lapin de concours. Il va tomber dans un drĂŽle de patelin : les garagistes font fortune grĂące aux accidents provoquĂ©s par le dangereux carrefour de l’Ă©toile rouge. Le docteur archive tous ces drames de la route. Un jeune garçon traĂźne son moignon Ă  travers la campagne, Ă  la recherche de sa main perdue, tandis qu’une sorte de sorciĂšre erre dans la nature. Mais ce qui hante Elias, c’est la recherche de son passĂ©. Pourquoi son pĂšre a-t-il disparu ? – Qu’est-il donc rĂ©ellement arrivĂ© au carrefour le jour oĂč, quelque peu Ă©mĂ©chĂ©s, ils sortaient ensemble de la discothĂšque ? – Rejoint par sa fille, d’abord sceptique, il mĂšne l’enquĂȘte. Ses maquettes du terrain, faites de minutieux dĂ©coupages, l’aident dans sa rĂ©flexion.  C’est une histoire lente, hors du temps, qui se dĂ©roule devant nous, sous des ciels pastel et sans nuages. Tout est calme, trop calme, mais un peu Ă©trange. Le lecteur devine vite que la triste vie du hĂ©ros solitaire est marquĂ©e par une tragĂ©die ancienne. Et nous faisons connaissance de tous ces personnages si ordinaires, mais si bien croquĂ©s que leur humanitĂ© crĂšve le papier. Le dessin est remarquable, Ă  la fois dĂ©pouillĂ© et ne s’attachant qu’à la surface des choses, car tous ces drames sont intĂ©rieurs. Claire et vive, l »image croque en traits simples des personnages trĂšs typĂ©s et fait ressortir leurs sentiments contrastĂ©s. Les dessins fidĂšles des Aronde, FrĂ©gate, 403, 404 et GMC contribuent Ă  mettre le lecteur dans l’ambiance attachante d’une histoire nuancĂ©e et Ă©mouvante dont le rĂ©alisme emporte le lecteur. Parfaitement inattendue, la fin reste pourtant dans la stricte logique du rĂ©cit. (Br.A. et E.B.)