Le caillou

DEDIEU Thierry

Quand ils ont envahi le Karabastan, les KhomĂšnes ont fait table rase. Ils ont imposĂ© leur loi au coeur du dĂ©sert et de ses oasis. Au centre de l’une d’elle, un « caillou » couvert d’inscriptions anciennes attestait du passĂ© et accueillait les pĂšlerinages ; ils ont ordonnĂ© sa destruction. Plus de racines, au propre comme au figurĂ© ! La terre conquise s’est alors soulevĂ©e, rendant impossible Ă  terme tout Ă©change avec les oasis voisines. Qu’est- il arrivĂ© au savant qui a osĂ© confirmer la mauvaise nouvelle ? Un album grand format et des doubles pages pour cet album Ă©conome de dĂ©tails et de couleurs – gris et orange – au profit de la force d’un message Ă©purĂ© tant dans le graphisme que dans le texte. Il dĂ©nonce bien sĂ»r la violence inhĂ©rente Ă  la conquĂȘte mais aussi la barbarie de conquĂ©rants incultes qui ne respectent rien, n’apportent rien, n’admettent aucun Ă©chec, aucune mise en garde. C’est vertigineux ! La quatriĂšme de couverture inscrit ce conte dans l’histoire de saccages rĂ©cents. MĂȘme s’il renvoie Ă  des pratiques mĂ©diĂ©vales de la guerre, le dessin aussi est sans ambiguĂŻtĂ© et les bulbes qui coiffent le palais comme les turbans les tĂȘtes ouvrent sur un Orient
 bien loin de la magie des Mille et une nuits. Un album engagĂ© qui imposera au lecteur un temps de rĂ©flexion et mĂ©rite un accompagnement adulte. (C.B.)