L’Amour est un fleuve de Sibérie

MILOVANOFF Jean-Pierre

Enfant né d’une liaison passagère, Silvio a vécu avec sa mère – belle jeune femme, libre et mystérieuse – dans l’hôtel au charme désuet qu’elle dirigeait en Petite Camargue. Adulte peu mature, gardien de camping à la morte saison, il passe son temps à rêvasser, cherchant à percer le secret de sa naissance dans les souvenirs des hommes qui ont courtisé sa mère : le chevalier servant si fidèle, le musicien volage si séduisant… Mais le passé n’est-il pas englouti, comme submergé par les flots du Rhône qui montent ?

 

L’auteur, qui avait abordé le thème de la folie dans Emily ou la déraison (NB février 2008), mène ici une enquête sentimentale toute… de mélancolie : les paysages d’eaux et de terres confondues, le passé et le présent entrecroisés, l’enfance ressurgie, scandée par de vieux airs de blues. On ne ressent pas cette douleur profonde et secrète que ceux-ci suggèrent et peut-être le regrette-t-on. La construction originale, l’écriture précise et élégante, le style fluide et efficace font la qualité du récit.