La tête légère

SLAVNIKOVA Olga

Accusé par le Service des pronostics sociaux d’être, à cause de son cerveau non gravitationnel, responsable de toutes les catastrophes (accidents, attentats, décès…), un jeune publiciste russe est sommé de se faire hara-kiri. Pris en filature, ostracisé par son entourage, harcelé par les victimes, vedette malgré lui d’un jeu vidéo où il est la cible à abattre, il résiste avec une énergie farouche, tente de disparaître, mais les Services secrets ont plus d’un tour dans leur sac…

Voici, après le succès de 2017 (NB mars 2011), primé en Russie, un autre gros roman réussi d’Olga Slavnikova, où l’on rit jaune des tribulations du héros qui s’enchaînent tambour battant. L’absurde et le fantastique s’y glissent avec naturel et les mânes d’un facétieux grand-père, ex-mineur stakhanoviste, raniment, sur le mode burlesque, les démons staliniens. Le jeune persécuté, marionnette manipulée par une machinerie implacable, inspire la sympathie par sa détermination à rester libre, son courage dans l’adversité, son apparente naïveté teintée d’ironie et ses sentiments exprimés avec une vigueur toute prosaïque. L’auteur en profite pour dénoncer la mainmise du pouvoir russe sur les citoyens et la survivance des réseaux policiers soviétiques. Une farce noire réjouissante. (L.K. et A.Le.)