La sonate de l’anarchiste

Soutenu par son impresario, Fédor, jeune pianiste prometteur mais peu sûr de lui, débute une carrière de concertiste. Son vrai génie s’épanouit dans la composition et certaines de ses sonates, envoûtantes, plongent l’auditoire dans un état cataleptique ou guerrier. Nul n’échappe au sortilège. Or, en cette année 1894, le scandale de Panama alimente la violence du mouvement anarchiste qui ensanglante Paris et l’artiste se trouve accusé de fomenter un attentat. Le commissaire qui mène l’enquête lui propose un étrange marché, qu’il accepte pour sauver sa réputation. C’est alors qu’une belle et mystérieuse anarchiste lui propose d’associer leur défense. Après un premier roman fantastique (Le Clan suspendu, NB octobre 2014), Étienne Guéreau s’aventure dans le registre policier et situe l’action dans une période agitée par les scandales d’affairisme qui secouent la IIIe République. À la manière de certains romans policiers du XXe siècle, il adopte une construction classique et complique l’intrigue à souhait. Le naïf héros, entouré de personnages aussi cyniques que bienveillants, est plongé malgré lui au coeur d’un imbroglio cabalistique. L’auteur fait résonner sa pratique pianistique au fil des pages : un choix percutant, cependant trop systématique, souvent plaqué, appliqué. Bien qu’un peu surannée, l’intrigue restitue l’ambiance parisienne de l’époque sans éviter certains clichés. (M.R. et C.R.P.)