La silencieuse

SCHRÉDER Ariane

Quand BarnabĂ©, charmant comĂ©dien extraverti, la quitte du jour au lendemain, la timide Clara se sent complĂštement perdue. L’épaule sur laquelle elle s’appuyait se dĂ©robe et pour elle tout s’effondre. Sans amis, sans emploi, sans enfant, la jeune femme n’a autour d’elle, depuis la mort brutale de ses parents, qu’une cousine et sa fille d’une douzaine d’annĂ©es. Comment continuer Ă  supporter Paris, son agitation bruyante, ses sollicitations inutiles ? Pour fuir le souvenir de BarnabĂ©, elle se rĂ©fugie seule dans une vaste maison louĂ©e pour quelques mois. Un mode de vie spartiate mais une nature superbe au bord d’un fleuve et d’une forĂȘt. Peu Ă  peu son chagrin s’apaise, elle dĂ©couvre son amour pour la campagne, le monde minĂ©ral, vĂ©gĂ©tal, animal, avant de se reconnecter au monde des humains, ces gens du voisinage avec qui se nouent des relations fraternelles. Les saisons passent et elle reste, s’accroche Ă  son travail. Parce que oui, Clara est sculpteur et bientĂŽt tout un univers de silhouettes blanches, translucides, Ă©vanescentes, envahit son atelier. Et puis voilĂ  qu’un petit chat de rien du tout va prendre une trĂšs grande place dans sa vie
 Dans un premier roman tout en douceur et dĂ©licatesse, Ariane SchrĂ©der brosse le portrait d’une femme d’une trentaine d’annĂ©es, trĂšs meurtrie mais habitĂ©e par une passion artistique salvatrice. Clara, la narratrice, oscille entre dĂ©sir de solitude, besoin des autres, quĂȘte d’un amour profond. DĂ©peinte avec une extrĂȘme finesse, dans son dĂ©sarroi elle semble guidĂ©e et mĂȘme portĂ©e par la nature, au fil d’une annĂ©e mĂ©ditative. Nature qui devient personnage Ă  part entiĂšre de ce roman initiatique. Quant Ă  l’écriture, elle est ciselĂ©e Ă  la façon de la statuaire gracieuse et filiforme dĂ©crite au fil des pages avec une troublante authenticitĂ©.  Il ne se passe pas grand-chose
 Sinon la vie qui va, tout simplement, dans ce qu’elle a de plus simple et de plus subtil : une eau dormante, ses remous souterrains, des libellules, des touches impressionnistes, une atmosphĂšre. Et au creux de tout cela, traversant ces pages, c’est la ferveur d’un nouveau talent que l’on dĂ©couvre avec bonheur.