La prophétie de Dante Alighieri (Marina ; 2)

ZIDROU, MATTEO

À Venise, convoqués par le 147e doge, les membres du conseil des dix s’inquiètent de la montée subite des eaux. L’« aqua alta » prend des proportions démesurées et l’eau menace d’envahir tout Venise. Bien qu’au XXIe siècle, les conseillers reparlent de la quatrième prophétie de Dante Aligieri. Le poète évoquait une « bête à 1000 dents ». Ne s’agit-il pas de cette statue d’un crocodile récemment exhumée des eaux ? En parallèle, dans les années 1345, le doge de Venise veut à tout prix éloigner sa fille Marina de la Sérénissime et la tient prisonnière dans un couvent en attendant qu’elle accouche du bâtard conçu lors de son emprisonnement par des pirates. La rumeur prétend qu’avec elle s’accomplirait la quatrième prophétie de Dante, donc la destruction de Venise.

L’attente, le suspense et même la peur se perçoivent aux deux époques qui ainsi s’entremêlent autour des prophéties de Dante. Chacun craint la disparition de Venise. La chute surprenante du diptyque laisse penser que le danger pour Venise vient d’ailleurs. La reconstitution historique de la ville, la cruauté des situations sont vivantes grâce à la magie des aquarelles de l’Italien Matteo. La beauté de la lagune gelée, le rouge toujours présent par petites touches ajoutent au tragique du récit et créent une très belle oeuvre.