La Grande Cradolasse, princesse du Pays de Boue

ALEMAGNA Beatrice

Sen vient chercher sa petite sƓur Yuki Ă  l’école. Le grand frĂšre marche devant silencieux et renfermĂ©, Yuki se sent seule. En colĂšre, elle jette les clĂ©s de la maison dans une bouche d’égout. Elle descend alors par une Ă©chelle et se retrouve dans un lieu obscur et sale oĂč elle est accueillie par une grande forme sombre, la Grande Cradolasse du pays de Boue. C’est le royaume de la mauvaise humeur et de la colĂšre. On y trouve les culpibouloux, des petits personnages qui font culpabiliser, le lacCachette oĂč on peut se cacher quand on fait des bĂȘtises et mĂȘme une Ă©picerie oĂč la colĂšre se dĂ©guste sous toutes ses formes.


Beatrice Alemagna nous offre une dĂ©ambulation souterraine impressionnante dans ce pays de Boue, mĂ©taphore de l’état de mauvaise humeur et de colĂšre ; le mot cradolasse fait d’emblĂ©e sourire, de quoi marquer les esprits des enfants. Ce monde est Ă  la fois attirant mais aussi effrayant. Tout est sombre, sale, la couleur brune domine notamment avec ce grand monstre poilu tandis que la petite fille se dĂ©tache en jaune fluo. Les illustrations se dĂ©ploient largement dans un album grand format avec la touche inimitable de Beatrice Alemagna. Par ce conte original, l’autrice fait bien ressentir le plaisir malsain de la colĂšre Ă  laquelle on peut se laisser aller avec dĂ©lectation mais suggĂšre que le vrai bonheur est ailleurs. Le frĂšre et la sƓur finiront par se retrouver avec affection. (F.E)