La garçonnière

GRÉMILLON Hélène

Buenos Aires, 1987. La junte militaire sévit encore. De retour chez lui, un psychiatre trouve son appartement dévasté, sa femme gisant morte cinq étages plus bas. Aussitôt la police le soupçonne d’assassinat et l’incarcère, sans preuve. Une seule personne peut l’aider à trouver des indices pour le disculper, une patiente à laquelle il confie le soin d’analyser le contenu d’enregistrements de patients susceptibles de violence. L’enquête menée par cette femme fragile, dont la fille compte parmi les « disparus » argentins, révèle plusieurs pistes qui, après de nombreux rebondissements, aboutissent à un retournement spectaculaire. Beaucoup d’imagination dans la construction de ce scénario-gigogne que complique volontairement le recours à des artifices d’écriture : répétitions, raisonnements en boucle, multiplication des points de vue, changements de typographie, etc. Dans cet enchevêtrement sympathique, parfois même astucieux, le temps, très vite, semble pourtant long. L’Argentine y est peu présente et la psychologie comme le contexte politique restent bien sommaires. Dommage que cette générosité un peu indigeste de l’auteure (Le confident, NB octobre 2010) soit si peu maîtrisée et empêche d’aller sereinement jusqu’au surprenant dénouement.