La fille qui marchait dans le désert

KHOURY-GHATA Vénus

Adam Saint-Gilles, écrivain reconnu, décédé depuis plusieurs années, est le héros en creux de ce récit à deux voix. Celle de sa veuve, revêche et amère, qui, pour récompense de son dévouement à son mari, se l’est fait « voler » par sa demi-soeur mauritanienne. Celle d’une spécialiste de l’oeuvre de Saint-Gilles, venue s’installer dans le gîte rural tenu par l’épouse afin de recueillir ses confidences, qui découvre vite l’existence, dans la maison voisine, de Zohra, la rivale. Celle-ci raconte sa version, lumineuse, de son amour pour Adam.

 

Par sa construction kaléidoscopique, ce roman échappe à la banalité d’une relation triangulaire. L’ambiguïté des sentiments des deux demi-soeurs, la touche d’exotisme, l’opposition entre l’écriture et la vie sont traitées avec poésie et finesse. Sept pierres pour la femme adultère (NB juillet 2007) parlait, en termes très forts, du sort des femmes africaines. Un thème que l’on retrouve ici mêlé à bien d’autres – le désert, la rancune d’une épouse européenne bafouée –, le tout sur fond de création littéraire et pimenté d’un zeste de surnaturel. Un livre qui, l’air de rien, laisse sa marque.